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Actualités

Etudes décoloniales

ÉTUDES DÉCOLONIALES

De la théorie à la pratique

Abya Yala/Caraïbes/Afrique/Europe/Asie

L’arrivée et l’émergence d’études, de recherches ou de réflexions se réclamant « décoloniales » en Europe ou dans des sociétés anciennement colonisées (en Afrique particulièrement) ne devraient pas être réduites à une autre mode intellectuelle anachronique ou nativiste cherchant à simplifier ou à rejouer des rencontres coloniales tel que le pensent certains auteurs ou journalistes (surtout en France). Si ces études semblent récentes pour le lecteur francophone et plus particulièrement pour le lecteur français, il convient de signaler qu’elles sont issues d’une tradition critique intellectuelle latino-américaine (dialoguant avec plusieurs courants tels que la théorie de la dépendance, la théologie de la libération, les études sur le système-Monde) et que plusieurs publications de chercheurs latino-américanistes ou latino-américains les décrivent depuis plusieurs décennies.

Ces études et recherches décoloniales proposent d’éclairer la complexité des relations entre la Modernité (et ses récits et idéologies) et son extériorité coloniale. Elles peuvent être considérées d’après plusieurs auteurs comme une « option » (Mignolo, 2001), un « tournant » (Santiago Castro-Gómez et Ramón Grosfoguel, 2007), ou même une « inflexion » (Restrepo, 2010) dans les sciences humaines depuis l’Amérique Latine et désormais dans plusieurs régions du Monde. Elles se caractérisent par une hétérogénéité de postures et d’axes de réflexion. Malgré cette pluralité, il est possible de relever, à l’instar de Restrepo (2010), une « collectivité d’argumentation » au sujet de problématisations de la Modernité à partir des expériences et cultures de groupes subalternisés. Ainsi, l’on peut noter que les études décoloniales considèrent que le colonial est imbriqué dans le présent au travers d’un long processus historique et qu’il s’est formé dans un modèle de pouvoir qui naturalise les hiérarchies culturelles et épistémiques. Cette « colonialité » constitue une extériorité de la Modernité eurocentrique qui a imposé un ordre épistémique et une vision de la vie humaine depuis sa propre perspective aux autres sociétés humaines non européennes depuis la « découverte / dissimulation » (descubrimiento/encubrimiento) (Dussel, 1992) des populations originaires en 1492 et le début du système-Monde au travers de la mise en esclavage des populations africaines. Raison pour laquelle la « colonialité » traverse insidieusement plusieurs champs de la vie humaine et qu’elle constitue une notion clé dans la littérature critique décoloniale avec notamment l’émergence du groupe Modernité/Colonialité/Décolonialité (Escobar, 2005).

Or, l’une des propositions théoriques des études décoloniales est de rendre compte de la « pluriversalité » des connaissances et des savoirs, c’est-à-dire prendre l’hypothèse selon laquelle la Modernité est plurielle en s’appuyant sur une lecture géopolitique de la production épistémologique, en analysant les processus longs de subalternisations, en mettant en lumière les innombrables savoirs locaux, en décrivant les reformulations et négociations culturelles et intellectuelles entre Occident et anciennes sociétés colonisées. Par conséquent, les études décoloniales tendent à avoir une orientation très théorique qui semble être très abstraite et difficile à appliquer d’un point de vue empirique.

Dans ce numéro de la RED nous cherchons à rendre compte et à expliciter les différentes pratiques décoloniales en lien avec des phénomènes culturels, politiques, environnementaux, raciaux, genrés, artistiques, pédagogiques, médicaux au travers le Monde. Il nous apparaît dès lors pertinent de recevoir des contributions relatant des recherches empiriques basées sur une perspective décoloniale, des récits d’expériences ou études de cas sur des pratiques sociales, culturelles et politiques avec comme objectif de refléter les enjeux et défis de la pluriversalité.

Ainsi, nous attendons pour ce numéro, des propositions montrant comment se met en place concrètement la perspective décoloniale sous toutes ses formes : artistique, culinaire, ethnobotanique, sociale, pédagogique, etc. S’il est vrai que plusieurs travaux décoloniaux fournissent une lecture de certains mouvements sociaux, cette démarche manque d’éléments empiriques qui permettraient d’identifier une praxis décoloniale. D’autre part, l’objectif de ce numéro est de rendre compte de la diversité d’applications pratiques de la perspective décoloniale dans plusieurs sociétés. Sont bienvenues les propositions qui décrivent des contextes africains, européens, asiatiques, de la Caraïbe ou d’Abya Yala sous divers formats (entretiens, articles classiques, vidéos, etc.).

Les propositions d’articles peuvent être envoyées en français, espagnol, portugais et anglais
avant le 30 mai 2021 à l’adresse suivante : reseau.etudes.decoloniales@gmail.com.

Sébastien Lefèvre, Université Gaston Berger, Ndar, Senegal.
Paul Raoul Mvengou Cruzmerino, Université Omar Bongo, Gabon.
Lenita Perrier, Docteure en anthropologie sociale de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), France.
Tamara Sánchez Albarracín, Masterante en études féministes, Université de Paris, France.
Sonia Tarby, Doctorante en littérature comparée et géographie, UFR Lettres, Besançon, France.